Une idée française, une première anglaise ! La France se fait damer le pion et c’est à Londres que se tient l’édition inaugurale des Expositions universelles. C’est le premier événement pacifique de l’Histoire qui réunit tant de nations.
C’est en visitant l’Exposition parisienne de 1849 qu’henry Cole imagine donner rendez-vous aux pays du monde entier à Londres. Cet industriel souffle l’idée au prince Albert, qui la portera avec le soutien de son épouse, la reine Victoria.
Le succès de la « Great Exhibition », qui durera six mois en 1851, est immédiat. Le prestige et le rayonnement britanniques, alors première puissance mondiale, attirent le monde entier. Les visiteurs découvrent 100 000 objets de toutes sortes.
Pas moins de six millions de badauds vont se rendre au Crystal Palace à Hyde Park, en plein cœur de Londres. Cela représente près d’un quart de la population britannique d’alors. L’entrée, fixée à 1 shilling, est interdite aux classes les plus populaires, mais l’événement rapporte 186 000 livres, qui seront par la suite investies dans trois musées.
Fraternité, solidarité, prospérité
Encourager la mécanisation dans l’industrie anglaise : voilà le but avoué de l’Exposition. Le progrès technique est représenté comme un absolu, avec la machine élevée au rang divin. Autour de ce rendez-vous international, l’objectif était aussi de promouvoir le commerce et le libre-échange, qui devaient assurer la paix mondiale, d’après le discours inaugural de la reine Victoria.
Fraternité, solidarité et prospérité allaient être au rende-vous de ce monde nouveau. Apparaît à cette occasion l’idée de la division du travail, qui accroît la productivité. Ouvrir ce rendez-vous sur l’étranger était indispensable.
Si la France s’était montrée réticente, l’Angleterre y voit l’opportunité d’affirmer sa toute-puissance. C’est un moyen judicieux d’agrandir ses parts du marché. La « Great Exhibition » doit également être la vitrine de la puissance anglaise. Parmi les 14 000 exposants, la moitié est britannique.
Nombre d’entre eux sont, en outre, issus de l’empire colonial. Ainsi Londres peut-il démontrer aux yeux du monde entier, mais aussi auprès de la population anglaise elle-même, la supériorité du Royaume-Uni. Une idée que personne ne conteste à l’époque, d’ailleurs.
C’est peut-être à cause d’un certain complexe d’infériorité que la France ne s’est pas lancée la première dans l’aventure de l’Exposition universelle. Le libre-échange était alors moins en vogue dans l’Hexagone qu’outre-Manche et les Français étaient frileux.
Le Crystal Palace
Pour l’occasion, les Anglais érigent un chef-d’œuvre architectural, signé Joseph Paxton ; le Crystal Palace, un majestueux bâtiment de verre et de métal, construit dans Hyde Park. Long de 564 mètres et haut de 39 mètres, il démontre alors toute la virtuosité du Royaume-Uni en matière d’architecture, avec ses 84 000 m² de verrières, assemblées aux 4 000 tonnes de fonte.
Les Anglais donnent alors le la de ce que devront afficher les Expositions universelles : gigantisme et prouesse technique.
Les palais et pavillons des éditions ultérieures, plus luxueux et originaux, s’attacheront à suivre l’exemple donné par les Britanniques.
Il ne faudra plus construire des bâtiments pour abriter les objets, mais concevoir des monuments. Le Crystal Palace est un point d’orgue et l’exposition de 1851 apparaîtra comme une vitrine du capitalisme, face à la doctrine socialiste naissante.
Concours et médailles
En cinquante ans, on est passé de la foire médiévale à l’exposition des sciences et techniques. C’est à Hyde Park que l’on introduit les concours et les récompenses qui couronnent les exposants et les inventeurs. Un jury décerne des médailles, des citations et des mentions, qui feront entrer les récipiendaires dans la postérité de l’industrie.
Un esprit de compétition animera désormais les exposants et les pays, qui s’affrontent pacifiquement sur le terrain de l’industrie et de la créativité. Les organisateurs d’attacheront à faire toujours mieux que l’édition précédente.
Le temps des colonies
Sous le règne de la reine Victoria, l’Empire britannique atteint son apogée. La première Exposition universelle est l’occasion d’exhiber toutes les richesses du Commonwealth. Les trésors de l’Inde figurent en tête de proue du navire anglais qui se pose en civilisateur.
La section indienne, particulièrement importante, se démarque. Elle attise la curiosité et l’enthousiasme des visiteurs : tentes, trône en ivoire sculpté, éléphant.