Symbole de la grande joaillerie française depuis l’installation de ses plus prestigieuses maisons au second Empire, la place Vendôme compte parmi les plus belles places royales de Paris. Nommée successivement place des Conquêtes, Louis-le-Grand, des Piques et Internationales, elle a retrouvé son nom d’origine.
Un projet, né dans la tête de spéculateurs à la fin des années 1670, est repris en 1685 par Louvois, qui persuade Louis XIV de l’intérêt qu’il y aurait à « faire dans l’espace qu’occupe l’hostel de Vendôme une place qui seroit d’un grand ornement à la dite ville [Paris] et d’une grande commodité pour la circulation des rues qui en sont voisines avec la rue Saint-Honoré ». Le roi achète le couvent des Capucines et l’hôtel de Vendôme – d’où le nom de la place.
Statues royales en regard
On l’imagine un temps de percer une rue qui relierait cette nouvelle place à celle des Victoires, ce qui permettrait de contempler de l’une à l’autre les statues équestre et pédestre du souverain. mais ce projet est abandonné : trop d’expropriations, donc trop de frais.
Jules Hardouin-Mansart, assisté par Germain Boffrand, élabore alors un projet de place rectangulaire à trois côtés, pourvue de galeries, ouverte sur la rue Saint-Honoré, et entourée de bâtiments publics – hôtel des Monnaies, hôtel des Académies, Bibliothèque royale, hôtel des Ambassadeurs, extraordinaires…Une monumentale statue équestre du roi en costume romain et en perruque est immédiatement commandée à François Girardon, fondue d’une seule pièce et inaugurée en 1699 – elle mesure à elle seule 7 mètres.
Grands remaniements
Mais c’est cette année-là que le projet est sensiblement remanié, quand le roi décide de revendre le terrain à la Ville: Louvois n’est plus, et l’argent manque. La Ville, donc, avec l’aide de six spéculateurs, finance l’achèvement des travaux , mais en modifiant profondément le plan: la place devient octogonale et fermée, traversée par une voie nord-sud; à chaque angle, un pan coupé est composé d’un avant-corps à trois arcades avec fronton et colonnes corinthiennes, cantonné par deux arrière-corps d’une seule arcade.
Sur le flanc nord est édifié un arc de triomphe de trois arcades. L’élévation des hôtels et la couverture sont également remaniées : les galeries à arcades du rez-de-chaussée sont remplacées par un premier niveau entresolé afin de satisfaire aux besoins privé des particuliers, et les toitures brisées sont pourvues d’un comble éclairé par une alternance de grandes lucarnes et d’œils-de-bœuf , là encore pour rentabiliser au maximum l’opération financière. Entre les deux, deux étages de fenêtres placées entre de hauts pilastres corinthiens.
Spéculations foncières
Les façades déjà élevées sont donc détruites, et l’envergure de la place est diminuée puisque les nouvelles façades viendront mordre 20 mètres en avant: en réduisant la superficie de l’espace public, on augmente celle des terrains qui seront construits, et donc les profits. Adieu les édifices publics, bienvenue aux hôtels particuliers !
Si la place Vendôme est un écrin pour la statue royale, elle est aussi une magistrale opération spéculative. Car, une fois les façades édifiées, les terrains à l’arrière sont vendus par les grands architectes de l’époque – Hardouin-Mansart, de Cotte, Boffrand, Bullet, L=Mollet, Le Maître, les Gabriel…- à des financiers et des fermiers généraux – Crozat, John Law, celui de la banqueroute -, qui y construiront de somptueux hôtels particuliers.