Malgré sa position excentrée et sa taille relativement modeste, la galerie de la Madeleine, inaugurée en 1845, est bien représentative de la vogue des passages couverts qui s’empare de Paris au milieu du XIXe siècle. Elle témoigne du développement du quartier de la Madeleine à partir de 1835.
Selon le Moniteur universel du 4 septembre 1836, « ce quartier de la Madeleine s’embellit de jour en jour ; l’activité la plus grande règne dans tous les ateliers environnants et avant un an ce quartier sera incontestablement le plus beau de Paris ». Cette année-là est élevé, rue Chauveau-Lagarde, un marché vaste et doté d’une couverture en verre et en zinc – une nouveauté.
Une société entreprenante
Un peu moins de dix ans plus tard, la galerie de la Madeleine est construite au moment où l’on agrandit la place de la Madeleine, située devant l’église.Elle est sans doute commanditée par la société du Passage Jouffroy, celle-là même qui bâtit à la même époque les fameux passages couverts Jouffroy et Verdeau dans le IIe arrondissement : la société a en effet acquis la partie de la place faisant l’angle avec la rue de la Madeleine, l’actuelle rue Boissy-d’Anglas.
Au cœur des beaux quartiers
Longue de 53 mètres, la galerie s’ouvre sur la place de la Madeleine par un porche monumental, flanqué de deux caryatides signées par Jean-Baptiste Klagmann et su lequel on peut encore lire le nom de l’architecte, Théodore Charpentier.
Par rapport aux passages créés sous la Restauration, son décor, à peine entamé par le temps, est plus riche et plus opulent? Et pour cause : nous sommes ici au cœur des beaux quartiers de Paris. son élégante verrière est divisée en panneaux qui s’appuient sur des arcs-boutants, un peu dans l’esprit des traverses du passage du Grand-Cerf.
Un portait accablant
Malgré sa situation avantageuse, il semble que la galerie de la Madeleine n’ait pas prospéré pendant longtemps. Dès 1878, des contemporains notent qu’elle est déjà « assez peu fréquentée et que ses boutiques ont moins d’importance ».
En 1931, Jean Delage en dresse un portrait accablant dans L’Écho de Paris : « Les verrières sont encrassées et ne laissent passer qu’une lumière pauvre ». Il évoque « le pavage à damier noir et blanc où bien des carreaux manquent, où les hauts talons pourraient en se tordant blesser de jolis pieds. La pluie traverse la voûte mal entretenue et vient ajouter ses flaques à la laideur du sol. Ces vieux lampadaires de bronze qui, jadis, supportaient la flamme en papillon vacillante du gaz sont désaffectés, salis…Quelques boutiques vivent. Un coiffeur, donne, seul, un peu de gaieté, avec une boutique claire et son enseigne. mais l’ensemble est mort. »
Un charme particulier
Dotée d’un charme particulier, joliment suranné, la galerie de la Madeleine n’attire plus guère les passants aujourd’hui, même si quelques boutiques, haut de gamme y son installées, tout comme l’ancien restaurant Lucas Carton, repris en 1985 par Alain Senderens. L’établissement a conservé un exceptionnel décor Art nouveau attribué à Louis Majorelle et orné de bronzes du sculpteur italien Angelo Galli.