Créées à l’initiative du pouvoir royal, les manufactures des Gobelins et de Sèvres avaient pour objectif de faire rayonner le savoir-faire français en termes d’artisanat auprès de l’ensemble de l’ Europe tout en contrôlant étroitement les différentes techniques de production.
Au XVe siècle, un teinturier de laine réputé s’installe près d’un moulin sur la Bièvre, qui coule alors à ciel ouvert: Jehan Gobelin. Bientôt, ses successeurs et descendants vont asseoir la réputation de l’établissement à la pointe de l’industrie tinctoriale. Le moulin s’appelle désormais le « moulin des Gobelins », et le quartier entre la butte aux cailles et la montagne Sainte-Geneviève prend son nom dès les XVIe siècle.
La création des Gobelins
En 1601, Henri IV y installe deux tapissiers flamands renommés: Marc de Comans et François de La Planche. En 1667, Colbert et Louis XIV décident d’y établir la manufacture royale des meubles de la Couronne. S’installent alors plusieurs ateliers d’ébénisterie, d’orfèvrerie ainsi que différents ateliers de tapisserie, auparavant dispersés dans Paris.
Les Gobelins ont alors un rayonnement dans toutes les cours d’Europe et sont célèbres pour la qualité des objets que l’on y fabrique. tous sont destinés à agrémenter et à meubler les résidences royales, et ils sont également de somptueux présents diplomatiques.
Nommé directeur en 1663, le peintre Charles Le Brun y sera très actif, installant notamment les premiers métiers à tisser de haute lice, c’est-à-dire verticaux. Il les utilisera lui-même pour réaliser plusieurs tapisseries. Son action sera continuée par des successeurs aussi prestigieux que Pierre Mignard ou Robert de Cotte.
Déclin et renaissance
Les immenses besoins financiers dus aux guerres menées par Louis XIV dans les années 1680 obligent à fondre l’orfèvrerie royale. Par ailleurs, les ouvriers et les artisans sont appelés au front et désertent les ateliers.C’est Jules -Hardouin-Mansart qui donnera un nouveau souffle à l’établissement, notamment en confiant sa direction à des architectes célèbres comme Germain Soufflot, futur concepteur du Panthéon.
Cependant la manufacture connaît de graves problèmes financiers, et, en 1871, une partie de ses bâtiments sont incendiés par la Commune. Aujourd’hui, elle ne se consacre plus qu’à la réalisation de tapisseries destinées à orner les bâtiments publics du pays. Depuis 1937, elle accueille également le Mobilier national, l’ancien Garde-Meuble royal, créé en 1663 sur une initiative de Colbert. D’abord situé à l’hôtel de Bourbon, jusqu’en 1758, il fut ensuite, entre autres, déplacé à l’hôtel de Conti, de 1758 à 1768, puis rue Bergère, en 1825, et enfin , aux Gobelins.
La manufacture de Sèvres
Un premier atelier de porcelaine est créé en 1740 par Louis XV et Mme de Pompadour, dans l’une des tours du château de Vincennes. En 1756, la manufacture est transférée à Sèvres, dans un bâtiment spécialement construit. pour elle et qui abrite aujourd’hui un service de l’Éducation nationale.
Tandis que, au rez-de-chaussée de ce nouvel édifice, on installe les réserves de matières premières et de terre, au premier étage se trouvent les fours ainsi que les ateliers de moulage et de sculpture. Au deuxième étage, sculpteurs, tourneurs et garnisseurs s’affairent et, enfin, sous les combles, les peintres et les doreurs s’appliquent à achever les différents objets en porcelaine. En 1759, la manufacture passe entièrement sous l’égide de la Couronne et se place dès lors au premier rang dans le domaine de la création porcelainière auprès des différentes cours d’Europe.
L’impulsion de Brongniart
Une dizaine d’années plus tard, en 1770, la manufacture débute la commercialisation de la porcelaine dure , tout juste mise au point grâce à la découverte, près de Limoges, de gisements de Kaolin. Durant la première moitié du XIXe siècle, la manufacture connaîtra un essor considérable grâce à l’action de son directeur, Alexandre Brongniart. Fils de l’architecte de la Bourse de Paris, ce minéralogiste et géologue renouvellera l’art de la peinture sur verre et créera le musée de la Céramique dans les murs mêmes de la manufacture.