Abritant la plus haute verrière de Paris, le passage du Grand-Cerf est étroitement lié à l’histoire du quartier Saint-Denis, qui est, dans les années 1830, avec ses petites fabriques et ses ateliers, l’un des quartiers les plus populaires et les plus industrieux de la capitale.
Situé à deux pas des Halles, en plein cœur du quartier commerçant de Paris, le passage du Grand-Cerf occupe l’emplacement de l’ancienne hôtellerie du même nom, qui a existé là jusqu’à la Révolution. Cette sorte de cour longue d’une centaine de mètres sur une dizaine de largeur, avec une entré rue Saint-Denis et une autre rue des Deux-Portes, servait en fait de terminus aux diligences des Messageries royales desservant les provinces de l’est de la France.
D’un propriétaire à l’autre
En 1825, la banque Devaux-Moisson et Cie acquiert l’hôtellerie pour y créer un passage, qu’elle revend dès 1826 à un certain Isidore Monier. Des travaux de démolition et de reconstruction sont engagés. Le passage voit probablement le jour dans ces années-là, même si, aujourd’hui encore, il est difficile de connaître le nom du maître d’ouvrage et la date exacte des travaux.
La verrière, elle, semble d’un style un peu plus tardif des constructions antérieures tout en créant de nouvelles façades à l’intérieur du passage. Bientôt s’alignent ici, sur 117 mètres et 3 mètres de largeur, des boutiques de commerçants et d’artisans surmontées de logements. Les deux entrées sont contrastées, avec un porche monumental rue Saint-Denis et une porte plus ordinaire rue Dussoubs – le nom qu’a pris la rue des Deux-Portes en 1887.
Menaces à l’horizon
Avec la création de nouveaux passages plus luxueux et la fin programmée des diligences, remplacées par le chemin de fer, le passage du Grand-Cerf est progressivement délaissé. Légué en 1862 à l’Assistance publique, il connaît une période de déclin, au point qu’il faut bientôt installer étais et poutrelles pour éviter qu’il ne s’effondre.
Dans les années 1890, l’Assistance publique tente de s’en défaire. Fermé parce que dangereux, il semble voué à une mort certaine, quand son propriétaire finit par le vendre à une société qui opte pour une restauration en profondeur à la fin des années 1980. Il accueille désormais, au cœur du quartier Montorgueil, décorateurs, artisans, antiquaires et designers.