L’Exposition universelle de 1889, magnifiée par la nouvelle tour Eiffel, est un énorme succès. Mais elle est congestionnée par un cruel manque de transports en commun. Londres, New York ou Berlin ont déjà remédié au problème en construisant un métro; alors que fait Paris ?
En mai 1889, pas moins de 32 millions de visiteurs débarquent dans la capitale, affluant des gares parisiennes pour admirer la tout Eiffel et le palais des Machines. Avec cette Exposition universelle, Paris démontre sa toute -puissance sur le plan de la modernité, mais un problème crucial entache cette réputation : celui des transports, alors même que, au début des années 1880, la population parisienne a dépassé pour la première fois les 2 millions d’habitants.
Les « carrefours des écrasés »
Depuis 1870, plus de dix mille chevaux assurent le fonctionnement d’une quarantaine de lignes d’omnibus transportant près de 100 millions de voyageurs par an. Une vingtaine de compagnies aux noms poétiques – les Hirondelles, les Dames Blanches, les Gazelles -, transportent les Parisiens dans des véhicules ressemblant à d’anciennes diligences. Il passe en moyenne, par jour, entre 8 000 et 43 000 véhicules et entre 9 000 et 54 000 chevaux dans la capitale, sans compter les tramways. Les Parisiens ont trouvé un nom aux quartiers maudits du Châtelet ou de la gare de l’Est : les « carrefours des écrasés ».
De Londres à Vienne
Connaissant les mêmes problèmes de circulation, Londres a damé le pion à Paris, son éternelle rivale. En 1863, la Railway Metropolitan Compagny a décidé de construire une ligne métropolitaine entre la gare de Paddington et la City pour désencombrer la capitale. Des locomotives à vapeur voyagent alors dans des tunnels, enfumant au passage les voyageurs.
Aussitôt, New York a elle aussi réagi, en édifiant en 1868 de vertigineux viaducs au-dessus de Greenwich, où des trains sont actionnés par des câbles. D’autres villes européennes ont bientôt suivi: Berlin en 1882, Budapest en 1896 et Vienne en 1898.
Métro ou chemin de fer ?
La Ville de Paris, elle, bien songé à un réseau de métropolitain, mais, très vite, un conflit l’a opposée au Conseil d’État, allié aux grandes compagnies de chemin de fer qui réclamaient un réseau assurant la jonction entre les grandes lignes de train.