Le lycée Henri-IV, l’excellence pour devise

Vénérable monument historique construit sur une abbaye, le lycée Henri-IV a de tout temps attiré l’élite, qui lui confiait ses enfants pour les mener vers les sommets. Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique, y fut professeur d’histoire; Georges Pompidou, président de la République, y enseigna les lettres supérieures.

Le passé du lycée Henri-IV est intimement lié à l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève-du-Mont, qui s’élevait à l’emplacement du Panthéon, au Quartier latin. Fondée par Clovis et son épouse, la reine Clotilde, la basilique, gardienne de reliques de sainte Geneviève, bénéficiait des privilèges octroyés par les rois comme par les papes.

Une nouvelle église fut construite en 1130. En 1219, l’abbé de Sainte-Geneviève reçut l’autorisation d’enseigner. Au XIIIe siècle, le cloître, le réfectoire et le dortoir furent reconstruits.

Des bâtiments médiévaux, le lycée Henri IV conserve les cuisines du XIIe siècle, le réfectoire du XIIIe siècle, voûté d’ogives, long de plus de 30 mètres – qui est devenu la chapelle du lycée, que l’on peut apercevoir dans la rue Clotilde-, et le clocher de l’ancienne église abbatiale, appelé à tort « tour Clovis »: sa partie basse est du XIe siècle et sa partie haute du XVe siècle. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, de grands travaux furent entrepris: bibliothèque oratoire des abbés, salle des novices, grand escalier de pierre et cloître.

Diverses appellations

Comme bien des établissements parisiens, le lycée Henri IV eut plusieurs noms au cours de son existence. À la Révolution, l’abbaye Sainte-Geneviève est transformée en École centrale du Panthéon le 20 mai 1796. Sous le Consulat, elle fait partie des quatre premiers lycées créés par la loi du 23 fructidor an XI (10 septembre 1803): elle ouvre ses portes le 19 août 1804 en tant que lycée Napoléon.

Ensuite à cause des régimes politiques successifs, le lycée est rebaptisé collège royal Henri IV en 1815, lycée Corneille en 1848-1849 et en 1872-1873 – il reprendra le nom de lycée Napoléon de 1849 à 1871-, puis enfin et définitivement, lycée Henri IV à partir de 1873.

Une tradition élitiste

C’est un lycée très chic, fréquenté par les fils de Louis-Philippe et ceux de l’aristocratie française. Au fil des décennies, cette tendance se confirmera. Les proviseurs en place encouragent les initiatives personnelles de professeurs lorsqu’elles ont pour objectif la réussite scolaire des élèves.

Aller au-delà du programme est particulièrement recommandé. On peut lire ainsi dans une note de 1926: « Le professeur s’arrange toujours pour terminer à l’avance de manière à ménager trois ou quatre semaines de révision avant l’examen. Quand on suit de près les épreuves du baccalauréat, on se rend compte de l’utilité que présente cette vue d’ensemble des matières traitées dans l’année, en voyant combien la question des cours est mal exposée pour la plupart des candidats. »

Aujourd’hui, être admis au lycée Henri-IV constitue toujours un atout essentiel, et certaines familles n’hésitent pas à déménager dans le Quartier latin pour que leur enfant ait une chance supplémentaire d’accéder à cette culture de l’excellence.

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