Depuis 2006, l’aérienne et audacieuse passerelle Simone-de-Beauvoir « franchit le fleuve, ses berges et les voies à grande circulation qui la bordent d’une seule traite, sans pile intermédiaire », selon les mots de son architecte, l’Autrichien Dietmar Feichtinger.
Tout au long du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, le quartier de Bercy a une vocation essentiellement industrielle. Ce n’est qu’à partir des années 1980 qu’il connaît u n développement spectaculaire, devenant un lieu de résidence et de vie pour de nombreux Parisiens. La grande distance qui sépare les ponts de Tolbiac et de Bercy apparaît alors trop grande et rend nécessaire la construction d’un pont.
En 1999, la maire de Paris organise un concours et, sur les huit finalistes, c’est l’architecte autrichien Dietmar Feichtinger qui est retenu. Le fait que son projet consiste en une passerelle ne reposant sur aucune pile a été un élément décisif dans la décision du jury. En effet, ce choix permet de ne pas encombrer la perspective, très belle à cet endroit, et d’inscrire des lignes aussi élégantes que douces dans un cadre aéré et ouvert.
Quatre points d’entrée
D’une longueur de 304 mètres, la passerelle est constituée de trois éléments : un arc formant la travée centrale relie le quai de Bercy au quai François-Mauriac, tandis que deux travées latérales ondulantes franchissent le fleuve depuis l’esplanade de la nouvelle Bibliothèque nationale de France jusqu’au parc de Bercy, passant au-dessus de la voie Georges-Pompidou et du quai François-Mauriac.
La passerelle peut ainsi desservir quatre lieux différents. les tabliers prennent la forme de rubans, leurs chemins épousant parfaitement mes courbes de la structure métallique, et sont recouverts de lames de chênes provenant des coupes exécutées par l’ONF dans plusieurs forêts d’Île-de-France à la suite de la tempête de décembre 1999.
De subtils jeux de lumière
Les garde-corps, en acier inoxydable et surmontés d’une rampe en aluminium, préservent parfaitement la vue sur la Seine. La nuit, un faisceau d’ondes lumineuses rasantes illumine l’ouvrage de loin, mettant en valeur la légèreté de ses lignes, mais également de près, éclairant le bois et les courbes de son tracé.
Ainsi mis en lumière, l’ouvrage ressemble alors à deux lianes qui s’entrelacent au-dessus du fleuve. Au centre, les parties supérieures et inférieures de la passerelle forment une sorte de lentille, longue de plus de 100 mètres et large de 12 mètres, véritables place perchée au-dessus du fleuve et où se tiennent régulièrement concerts et spectacles de rue.
Un long périple
En novembre 2005, la lentille central de 550 tonnes quitta les ateliers de construction métallique Eiffel de Lauterbourg, en Alsace, pour un long périple qui la mena du Rhin à la Seine, en passant par la mer du Nord. Pour la faire passer sous le pont des Invalides, il fallut emplir les barges d’eau de façon à les couler d’environ 1,50 m. Le hissage et la fixation de la lentille furent effectués dans la nuit du 28 au 29 janvier 2006, en moins de quatre heures.
En juillet 2006, après une incontournable série d’essais dynamiques et statiques, la passerelle était inaugurée par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en compagnie de Sylvie Le Bon de Beauvoir, fille adoptive de la philosophe.
Au nord de la passerelle s’étendent l’agréable parc de Bercy et ses trois jardins : le Jardin romantique aux bassins couverts de nénuphars, les Parterres dédiés au jardinage, et les Prairies, aux grandes pelouses ombragées. Non loin se trouve la Cinémathèque française inaugurée en 2005 dans un bâtiment conçu par le grand architecte américain Franck Gehry et qui abritait auparavant le centre culturel américain. Elle dispose d’un fonds exceptionnel de plus de quarante mille films et propose des séances quotidiennes ainsi que des expositions régulières sur le cinéma.
Au sud de la passerelle, on accède sur le site de la Bibliothèque nationale de France, œuvre de l’architecte français Dominique Perrault. Le site, qui occupe une esplanade de 30 000 mètres carrés, se caractérise par ses quatre tours angulaires de 79 mètres de hauteur, représentant symboliquement quatre livres ouverts.