Ancienne école centrale de la rue Saint-Antoine, le lycée Charlemagne prend naissance au cœur du Marais, un des plus anciens quartiers de Paris, dans un lieu où sévissaient autrefois les jésuites. Il conserve de cette époque une belle décoration intérieure. Balzac, notamment, fut pendant plusieurs années élève du lycée…
Le lycée Charlemagne puise ses racines très loin dans l’Histoire. Du terrain de sport du lycée, on aperçoit un long mur flanqué de deux tours: il s’agit de l’ancienne enceinte de Philippe Auguste. Le roi a lancé la construction en 1190, pour protéger sa capitale avant de partir en croisade. Le lycée a accompagné le développement du quartier autour de l’église Saint-Paul-des-Champs. Quant à l’escalier d’honneur du bâtiment, il a été dessiné à l’emplacement d’une des tours de l’enceinte de Philippe Auguste.
La Maison professe
En 1560, les jésuites obtiennent le droit de s’installer à Paris, et fondent d’abord le collège de Clermont, actuel lycée Louis-le-Grand. Dans le Marais, ils investissent l’hôtel de La Rochepot pour en faire leur université et la demeure des profès – des jésuites qui acceptent d’aller là où le pape les envoyait et qui avaient feu de renoncer à toute fonction ecclésiastique.
Ainsi naît la Maison des profès (ou professe), au 101, rue Saint-Antoine. Il ne subsiste aujourd’hui de la demeure d’origine qu’un bâtiment abritant l’intendance du lycée et des appartements de fonction. En 1629, les jésuites ajoutent à leurs possessions l’hôtel du Porc-Épic, rue de Joui -actuellement rue de Jouy. Ils en font le couvent des Grands J »suites, qui correspond au corps central du lycée d’aujourd’hui.
Après les événements de la fin du XVIe siècle, quand les jésuites sont bannis pour avoir eu comme élève Jean Châtel, qui a tenté d’assassiner Henri IV, les choses reprennent leur cours normal. Sous Louis XIV, le directeur de conscience du roi en personne, le père La Chaize, vivra à la Maison professe: il occupe des lieux qui sont devenus la bibliothèque du lycée.
Et loin d’être un couvent austère, l’édifice porte une magnifique décoration: la coupole de l’escalier d’honneur a été peinte à la fin du XVIIe siècle par Giovanni Gheradini, qui a également réalisé la fresque de la grande bibliothèque, dont il subsiste des vestiges au plafond.
De nombreux changements
À la Révolution, les jésuites doivent abandonner la Maison professe. Le 7 ventôse an III (25 février 1795), la Convention, sous la houlette de Lakanal, membre du Comité de l’instruction publique, décide de créer trois Écoles centrales. L’une d’elles s’installe dans les locaux de la Maison professe.
Sous le Consulat, la loi du 11 floréal an X: déclare: » On enseignera dans les lycées les langues anciennes, la rhétorique, la logique, la morale et les éléments des sciences mathématiques et physiques. Il y aura, dans les lycées, des maîtres d’études, des maîtres de dessin, d’exercices militaires et d’arts d’agrément. »
La création du lycée Charlemagne est actée par la loi du 23 fructidor an XI (10 septembre 1803). Il portera le nom de collège royal Charlemagne de 1815 à 1848. En 1866, comme il est situé dans un quartier alors industriel, il est choisi pour expérimenter l’enseignement spécial destiné ç former les cadres de l’industrie et du commerce…