Le passage Jouffroy

Inauguré en 1847 dans le prolongement du passage des Panoramas, le passage Jouffroy connaît dès l’origine un succès considérable, grâce à sa situation privilégiée sur le boulevard Montmartre. Et cela sans compter sur l’installation du musée Grévin, un demi-siècle plus tard…

Conçu par deux architectes, François Destailleur et Romain de Bourges, selon un tracé présentant un double coude à angle droit, le passage Jouffroy est financé par une compagnie privée fondée à l’initiative de Félix de Jouffroy, comte de Gonsans, et d’un certain M. Verdeau. Jouffroy lui donnera son nom, tandis que Verdeau donnera le sien au passage voisin, construit durant la même année par la compagnie.

Une architecture audacieuse

Le passage Jouffroy mesure 140 mètres de longueur sur 4 mètres de largeur, et son architecture est audacieuse : les arcades des façades intérieures ont été abandonnées au profit d’un trame rectiligne et un chauffage par le sol a été prévu. Ses structures sont métalliques, à l’exception des plinthes et des encadrements de fenêtres, encore en bois : des colonnes de fonte montant jusqu’aux combles supportent les poutrelles des planchers, les vides étant remplis soit par du verre, soit par un assemblage de moellons et de plâtre.

Sa verrière en arête de poisson a été conçue afin d’obtenir un maximum de lumière. La décoration est par ailleurs plus lourde, et, fait rare jusqu’alors, deux horloges indiquent l’heure.

Cafés et « dîners »

Mais ces qualités architecturales ne suffisent pas à expliquer son succès : le passage Jouffroy bénéficie de la proximité d’un hôtel de luxe, l’hôtel Ronceray, de la présence de cafés et de trois « dîners », des restaurants à prix fixes et modérés. Il n’enorgueillit aussi de nombreuses attractions : l’Estaminet-Lyrique, où sévit Joseph Darcier, un célèbre chanteur de l’époque, le bureau de la loterie des lingots d’or ainsi qu’une fameuse salle de danse du nom de « bal Montmartre », qui sera par la suite transformée en café-concert.

Par ici la sortie

Mais ce n’est encore rien comparé à ce qui arrive avec l’inauguration, en juin 1882, du fameux musée Grévin, dont la sortie se situe justement dans le passage Jouffroy. L’engouement pour le musée est immédiat, le public s’y presse pour voir de près les visages en cire des célébrités du moment.

Le passage est pris dans cette spirale du succès, et, en 1889, le journal L’Égalité le considère encore comme le passage « le plus fréquenté de tous, le plus recherché pour les commerçants ». Aujourd’hui, ses enseignes continuent d’attirer les promeneurs, qui déambulent sur son carrelage récemment restauré après, peut-être une virée au musée Grévin…

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