Le VIe arrondissement

La partie sud du VIe arrondissement – boulevard Saint-Germain, rue de Rennes – fut en grande partie réaménagée au XIXe siècle par le baron Haussmann. Mais même Haussmann n’a pas réussi à effacer l’identité très forte de ce quartier emblématique de la rive gauche, qui vécut longtemps au rythme de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Fondée au VIe siècle sous Childebert Ier, fils de Clovis, démantelée à la Révolution, la puissante abbaye de Saint-Germain-des-Prés occupa durant des siècles un vaste domaine, allant de la rue de l’Échaudé à l’est à la rue de Saint-Benoît à l’ouest, et de la rue Gozlin au sud à la rue Jacob au nord.

De sa splendeur passée, il ne reste aujourd’hui que deux édifices – la fameuse église Saint-Germain-des-Prés et la palais abbatial, situé dans la rue attenante, la bien nommée rue de l’Abbaye.

Les privilèges de l’abbaye

Dans le même secteur, la rue de Buci, percée au XIIIe siècle, prit au siècle suivant du nom du premier président au parlement de Paris, Simon de Buci, qui eut la bonne idée d’acheter en 1350 la porte Saint-Germain – et le droit de taxe afférent – sur laquelle débouchait la rue. Mais elle fut un temps appelée la « rue qui tend du Pilori à la porte de Buci », en référence précisément au pilori que l’abbaye y avait installé, car celle-ci possédait un droit de justice octroyé par charte royale.

De l’autre côté du boulevard Saint-Germain, la rue du Vieux-Colombier rappelle que l’abbaye possédait un élevage de pigeons. De même, la rue du Four évoque le « four banal » qui s’y dressait : l’abbaye en avait le monopole, et les habitants du quartier devaient obligatoirement y faire cuire leur pain, moyennant finances. Ces « banalités » existaient dans tout le système féodal.

Un dragon, des canettes

Tout à côté, la rue du Dragon tient son nom d’une sculpture représentant la bête qu’aurait terrassée sainte Marguerite d’un signe de croix ; avant d’être déplacée, elle ornait le portail d’entrée de la cour du Dragon, face à la rue Sainte-Marguerite – aujourd’hui rue Gozlin . Quant aux rues de l’Éperon, de l’Hirondelle, des Quatre-Vents, du Sabot, des Ciseaux et des Canettes, elles doivent leurs noms à d’anciennes enseignes.

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