Le passage du Caire

En plein cœur du Sentier, le passage du Caire est ouvert dans le cadre d’une vaste opération immobilière menée par la Caisse des rentiers en 1798. Avec ses dimensions -360 mètres sur 2,60 m-, c’est le plus long et l’un des plus étroits des passages parisiens.

Le passage du Caire est créé à l’emplacement du couvent des Filles-Dieu, et son dallage proviendrait en partie des pierres tombales des religieuses. Il est inauguré à la fin de l’année 1798, son nom entendant commémorer l’entrée de Bonaparte au Caire le 23 juillet de la même année, deux jours après la bataille des Pyramides.

Le nom de plusieurs rues alentour – rues du Nil, d’Alexandrie, d’Aboukir, etc- rappelle d’ailleurs l’engouement pour l’Égypte qui s’empare des esprits à cette époque. C’est aussi ce dont témoigne le décor sculpté de l’immeuble situé à l’entrée du passage, côté place du Caire, avec ses hiéroglyphes et ses trois têtes en haut relief représentant la déesse Hathor.

En toute modestie

Contrastant avec ce décor voisin, l’architecture du passage et de ses nombreuses ramifications semble bien modeste : verrières rudimentaires, allées étroites, façades intérieures simples et entrées sommaires. Dans son ouvrage, Les Tues de Paris, Paris ancien et moderne, paru en 1844, l’écrivain Élie Berthet souligne ainsi que « ni le jour, ni la nuit, rien n’y rappelle les brillants magasins et la population coquette des passages des Panoramas et de l’Opéra.

Au royaume des imprimeurs

À cette simplicité correspondent des loyers modiques, ce qui favorise l’installation de commerces peu coûteux. Dans ce coin industrieux de la rue Saint-Denis, le passage du Caire est vite investi par les ateliers d’imprimerie et de lithographie, présents dans le quartier depuis la fin du XVIIIe siècle: « C’est l’endroit de Paris où l’on fabrique le plus d’étiquettes imprimées ou gommées, d’affiches à la main, de tableaux-réclames, d’enseignes, de pancartes pour magasins, de sacs en papier et de petites boîtes en carton décoré » peut-on lire dans le journal La Liberté en mars 1909.

« Les passants y sont rares », ajoute pour sa part Élie Berthet. Aujourd’hui,  rien  n’a changé, sinon que les artistes ont fui, remplacés par des grossistes en confections ou en décors de vitrines, Pas de quoi attirer vraiment les promeneurs…

 

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